Y a la musique. Qui crève les oreilles.
Qui enchante la nuit.
Et toi t’es là.

Là à osciller, de droite à gauche. De gauche à droite. Danser, suivre le rythme, juste comme ça. Pauvrement. Parce que faut l’avouer Pô, tu ne danses pas vraiment très bien. T’as même plutôt deux pieds gauches. Alors, non. Tu ne danses pas vraiment. Pourtant. Pourtant, ça t'empêche pas de sourire. Ça t’empêche pas de rire, sourire si fort sur ton visage. Tu t’amuses. Comme les autres, ici. Une bière dans la main.

C’est un peu ta première fête ici. Dans cet endroit d’enfance dont tu ne te souviens de plus rien. Oué, c’est un peu ta première fête. Et, tu t’amuses bien. En découvrant les autres. En découvrant ici. Et puis, l’ambiance est bien, dans ce petit bar. Il a un côté sobre et chaleureux. Tu le trouves sympa. Et pourtant, t’as l’impression. Putain, oué, qu’il est un peu arrêté. Comme le reste de Gris. Un peu comme sur pause.

Comme le visage de ce garçon, assis-là. Un peu plus loin. Il est beau.
Vraiment.
Mais, il a ce visage qui te serre le cœur.
Qui te donne des frissons, des pleurs.
Tu voudrais t’approcher et lui sourire.
Tu voudrais t’approcher et rire.

Pô.
Pô t’es pas trop timide.
Alors, tu le fais. L’approcher.
Une bière dans ta main, une autre, dans l’autre.
Pour lui. Comme une excuse de venir le voir.

Oui. Y a tes pas qui t’emmènent à lui.
Qui t’arrêtes là, juste en face de lui.
Et, tu souris. Tu sais, de ce sourire qui te va si bien.
De ce sourire qui pourrait illuminer la nuit.
« Hey, tu veux une bière ? »
Tu lui tends doucement la bouteille.
Ton regard le détaillant, surement trop noir.
Surement trop profond.

dis, tu te souviens ?
tu te souviens de la première fois ? je t’avais donnée rendez-vous sous la lune.
la nuit était noire, ce soir-là. les étoiles brillaient haut dans le ciel. l’image de tes doigts s’élevant jusqu’aux filantes me hante – encore et encore –
jour et nuit.
et puis, tes pas maladroits sur les ardoises, tes lèvres roses – presque mauves  –  tes cheveux bruns sur ton visage, ton rire – arc-en-ciel – dans la nuit, tes yeux dans les miens, ta voix – féline -
alors, ça te revient ? et tu m’avais demandé
- c’est comme ça que tu te sens vivant ?
point d’interrogation au bord de tes lèvres.
vivant pour pouvoir mieux défier les ardoises lorsque la ville s’est endormie,
dressé sur les toits du monde,
respirer, s’échapper (le temps d’une nuit).
et un matin, un après-midi, je ne sais pas,
tu es partie.
envolée, disparue, absente, perdue.

- hey, tu veux une bière ?
une voix bouscule une, deux,
ses mille et une pensées.
un sourire sur tes lèvres
et les doigts de mickey viennent récupérer la bouteille que tu lui tends.
un signe de tête et
- merci.
ses yeux cherchent les tiens.
- tu passes une bonne soirée ?