« Et à quoi tu crois, toi ?
- À la Révolte, à la passion, au mensonge, à la couleur, à la magie, à l’enfance, à l’amour, à l’espoir, à la façon dont mes draps se plissent quand je me réveille le matin, à l’odeur des croissants, à la musique, à l’art, à la Révolution, aux briques dans les dents des énarques, à l’enfance, au bonheur, à la douleur, à l’épuisement, à la fatigue, à la bohème, à la clope, à l’alcool, au joint, à la gerbe, à l’avenir, au présent, au passé, à mes pompes bien trop usées et à ma montre qui donne jamais l’heure.
- À Dieu ?
- Jamais.
- À toi ?
- Parfois. »

Crache, crache, crache, ta magie sur le sol, et tes doigts écartés pour contrer le soleil.

Gauche, comme une insulte, gauche, gauche, gauche, maladresse et éclats de verre pilé, quand tu tangues d’un pas ivre sur le plancher ciré, écroulé, enfumé, déchiré, parce que la vie t’as pas crevé, parce que la ville t’as pas avalé, digéré, recraché, dégobillé sur le parquet, parce que t’as encore
des rêves plein la tête
et peut-être des remords
mais souvent plus des souvenirs
parce que tout s’attache à ton corps, amarré à la falaise comme un bateau fou, de la lumière et des couleurs plein les yeux et la tête et le sourire, comme quelqu’un qu’aurait arrêté de grandir, poudre aux yeux, comme quelqu’un qu’aurait commencé à mentir.

Gauche, comme ta main sur la pièce, gauche, gauche, gauche, le ballet des doigts et des cartes, quand tu vends des éclairs de peinture sur le macadam fumant, quand tu te tiens face à la mer pour contrer le mauvais temps, parce que la ville t’as pas délavé, attristé, bien trop grisé, parce que t’as encore
quelque chose à dire
bien trop de chose à hurler
un peu trop d’amour à livrer
parce que t’es trop intense ou peut-être trop fragile, parce que t’es un pare-feu, un parapluie, un putain de paratonnerre, les mains crispées sur les lambeaux de bonheur que tu continues à arracher à la vie, à distribuer, à monnayer, comme un menteur qu’aurait commencé à grandir, plein de faux-semblants, comme un menteur qu’aurait pas envie de vieillir.

« T’as des couleurs plein les doigts.
- C’est pour mieux faire rêver ceux qui regardent.
- Et toi, tu regardes quoi ?
- Les étoiles.
- La nuit ?
- Toute la journée. »

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